technique
Modelage de l’argile (1)
Creuser, récolter
J’ai passé tous les étés de mon enfance en Isère,
dans un village où les maisons sont bâties en pisé,
où mon grand père montrait les talus où ramasser
une argile rouge qui fait les murs, une argile beige pour
colmater les ruches…
Où, après un passage chez le potier, nous les enfants,
repartions avec des pains d’argile pour nous amuser…
Ces relations à la terre sont intimement mêlé à ma découverte du monde et inscrites viscéralement dans les chemins où je vais.
Chaque terre à modeler se forme dans un lieu particulier, son terrain d’origine lui apporte sa composition fondamentale, sa couleur, sa texture, son odeur.
Dans ce coin du Dauphiné, elle est le plus souvent rouge, caillouteuse, elle gratte dans la main, elle s’effrite. Quand on fouille le sol où elle est enfouie et qu’on l’extrait, elle peut être très dure, tassée, compacte, revêche, désagréable. Sol pauvre…
Mais ensuite, quand on l’imbibe d’eau et la malaxe, pour l’apprivoiser, on peut jouer, construire, donner des formes, modeler et engager un dialogue que je n’ai jamais cessé de poursuivre.
La fonte des sculptures en bronze (5)
Le bronze, origine et composition :
Le bronze est également appelé airain en poésie ou en littérature.
C’est le nom donné aux alliages composés principalement de cuivre (au moins 60 %) et d’étain. Ils peuvent aussi contenir du plomb, de l’aluminium, du béryllium, du manganèse, du tungstène, accessoirement du silicium et du phosphore en proportions variables.
Le bronze a certainement été utilisé pour la première fois en Mésopotamie au IVe millénaire avant notre ère, à la période d’URUK.
La caractéristique principale de « l’âge du bronze » (période de la Protohistoire, c’est à dire postérieure à la Préhistoire et antérieure à l'Histoire) n’est pas l’utilisation des métaux qui sont travaillés depuis des millénaires ; c'est la découverte et le développement de la métallurgie, ensemble de techniques qui permettent d’extraire et de travailler un métal à partir de minerai grâce à la maîtrise de fours à haute température (le cuivre fond à 1 084 °C, son addition avec l’étain abaisse considérablement le point de fusion)
Dès cette période, différentes techniques apparaissent : le martelage, le moulage, la fonte à la cire perdue…
Ces savoir-faire étaient nécessaires pour l’obtention du bronze et la fabrication d’ornements, d’objets usuels, d’outils et d’armes plus élaborés et robustes que leurs prédécesseurs en cuivre ou en pierre.
Le bronze, très résistant à l’usure et à la corrosion, est remarquable par sa capacité à rester intact en traversant les siècles.
2 statuettes de démons des vents maléfiques
Bronze (14 et 15 cm de haut)
Mésopotamie, Ier millénaire av. J.-C.
La fonte des sculptures en bronze (4)
La fonte au sable
La fonte au sable est une technique de
moins en moins pratiquée en Europe dans sa forme
traditionnelle. Elle permet de reproduire en bronze
une sculpture de « bonne dépouille » c'est-à-dire
avec des formes massives et dont les creux sont
face à l’axe du « plan de joint » qui est le raccord
entre les deux parties du moule. Ce moule est fait
de cadres en bois, dans lesquels on prend,
dans du sable fin, l’empreinte du modèle sculpté
en le pressant et en frappant fortement
.
La dernière fonderie parisienne qui pratiquait la
fonte au sable était la fonderie Amaury,
rue Ramus, vers le Père Lachaise.
J’ai travaillé avec la fonderie Amaury avant qu’elle ne ferme, fin 2007. M’étant installée en 2005 dans le quartier de Belleville, j’ai connu cette fonderie trop peu de temps.
J’aurais aimé pouvoir continuer encore ces pièces aux formes si pleines.
Mais j’ai quelques sculptures fondues chez eux dont la ciselure n’est pas encore faite…
Chaque technique de fonte correspond à un métier particulier et la collaboration
avec des fondeurs différents me permet de réaliser des œuvres
aux volumes et au rendu tout à fait spécifiques.
Pour découvrir les fondeurs Jean-Pierre et Jean-Claude Amaury et la fonte au sable, vous pouvez aller voir le beau reportage du collectif ARGOS et l’article du blog chez Gladysne
2 sculptures en bronze de Brigitte Valin, fonte au sable par la fonderie AMAURY en 2007
La fonte des sculptures en bronze (3)
Pièces Uniques en bronze
- La fonte à cire perdue avec destruction du modèle original,
est possible à partir d’un modèle original en cire, pris dans un moule de potée
Le modèle est ensuite détruit dans ce moule par une exposition à la chaleur,
il fond afin d’être remplacé par le métal en fusion. Il s'agit toujours d'un bronze plein, coulé dans la masse.
Je la nomme CIRE DIRECTE sur les certificats d’authenticité de mes sculptures
( voir aussi l’article " la fonte des sculptures en bronze (2) cire directe" )
- Le tirage de pièce unique en bronze
sans destruction du modèle original
peut également être un choix de l’artiste
qui fait d’abord un moulage
du modèle original d’une sculpture (modèle
qui peut être en terre, en cire, bois,
pierre ou autres matériaux)
puis effectue un seul tirage en bronze
dans ce moule qui est ensuite détruit
après la coulée.
- Dans les deux cas, il s'agit de tirages
en bronze de pièces uniques,
les sculptures sont marquées P.U.
ou peuvent être également numérotées 1/1
Pièce Unique Cire directe fondue en 2010
La fonte des sculptures en bronze (2)
Cire directe
A partir d'un modelage en cire adapté ( l'épaisseur doit être assez régulière et l'ensemble de petit format ) on peut fondre un exemplaire unique de sculpture en bronze : une pièce unique.
Le fondeur ne réalise pas de moulage du modèle original, mais il enrobe la sculpture dans un bloc de plâtre refractaire ou encore d'argile.
L’ensemble est chauffé dans un four à décirer où la cire fond et brûle, détruisant la sculpture qui laisse place à l’empreinte en négatif du modelage, à l’intérieur du bloc de plâtre.
Ce vide est ensuite remplacé par le métal en fusion qui prend la forme du travail original en cire, le bloc est cassé pour faire sortir le bronze refroidi.
Il s’agit d’un bronze massif, plein, qui sera encore ciselé pour enlever les marques de la fonte, puis patiné.
Modelage de cire sur armature en laiton (2)
Les étapes du travail de modelage de mes sculptures en cire apparaissent sur les photos de ces sculptures en cours :
- Construction de l’armature ligaturée que je fixe sur une plaque de cire, que je met en forme et dont je place les directions.
- Puis une 2e sculpture montre la mise en place des volumes en cire à modeler, noire ici.
- Et la silhouette se précise par l’ajout de cire, appliquée fortement avec un couteau.
d'autres photos sont dans l'album " techniques 2010 : sculpture en cire"
Patines des sculptures en argile
Quand un modelage en argile est terminé, la terre doit sécher, il faut faire la cuisson, et il me reste encore à en travailler les teintes et l’aspect de surface : la patine.
La série des petits "feux-follets" est prête pour ce travail, que je mène sur plusieurs pièces en alternance : je "monte" les teintes petit à petit, je laisse reposer une oeuvre pendant que je patine l'autre, puis j'y retourne ensuite. Il est très rare que je patine une seule sculpture à la fois.
Je débute avec des pigments que je tamponne sur la sculpture à la brosse, que je fixe avec des liants acryliques très dilués en jus. Les couleurs sont souvent pures et les superpositions me permettent de souligner des volumes, des lignes, d’en fondre et adoucir d’autres.
Après de nombreuses reprises puis un nouveaux séchage, je cire les sculptures avec des cires colorées, jusqu’à ce que la patine me semble finie, que l’aspect le convienne. Quelquefois j’utilise ensuite du talc, je frotte à la brosse ou au chiffon après séchage.
vous trouverez plus de photos sur le travail de patine dans l'album : Techniques 2010 : feux-follets
Sculptures en cours : "feux follets"
Ces petites sculptures ne mesurent pas plus de 15 centimètres, je les modèle en argile, avec une armature en laiton.
Je travaille la terre sur l’élément végétal, minéral ou autre que j’ai choisi en premier lieu, alors que la sculpture était seulement dans ma tête.
Il peut s’agir d’ une coquille, une graine, un caillou ramassé ou un morceau de ciment…Le modelage s’imprègne de cet objet.
Quand la mise en place essentielle me semble achevée, je laisse sécher tout en retravaillant un enchaînement de lignes, un détail...
La terre prend une consistance de plus en plus ferme qui permet d’en préciser la forme. Ce travail d’accompagnement du séchage, mené lentement, a une grande importance pour moi : la sculpture finie gardera l’empreinte du modelage pour chaque état de la terre.
La fonte des sculptures en bronze (1)
Différentes techniques de fonte des bronzes d’art :
En Europe, les sculptures en bronze présentent une longue tradition. Le fondeur les réalise d’après une sculpture originale, en général un modelage, qui est la matrice de l’œuvre terminée. Le bronze est une empreinte de ce modelage souvent fait d’argile.
Différentes techniques sont pratiquées, avec des moules en plâtre, des moules en élastomère, en latex, en résine qui rendent possible plusieurs exemplaires d’une oeuvre.
Moins courante, la fonte au sable se pratique aussi, ou encore le tirage unique d’après un modelage en cire.
Chaque technique donne des résultats particuliers et permet au sculpteur, en collaboration avec le fondeur, de s'exprimer avec différents rendus de matière.
"funambule" pièce unique en bronze.
Silhouette verticale, cire directe, fonte à la cire perdue par la fonderie Quenne.
Base, fonte au sable par la fonderie Amaury.
L'armature, tension de la sculpture
Dès l'ébauche, la sculpture de " l'homme girouette " que je viens de débuter met en place les directions et tensions essentielles sur une armature de laiton torsadé, coudé, ligaturé.
L'armature n'est ici qu'un fil encore mobile, sur lequel je fais adhérer la cire, mais le mouvement et l'expression de l'oeuvre sont déterminés par ce premier jet, par ce squelette en métal qui est l'âme de tout le travail.