Modelage de l’argile (1)
Creuser, récolter
J’ai passé tous les étés de mon enfance en Isère,
dans un village où les maisons sont bâties en pisé,
où mon grand père montrait les talus où ramasser
une argile rouge qui fait les murs, une argile beige pour
colmater les ruches…
Où, après un passage chez le potier, nous les enfants,
repartions avec des pains d’argile pour nous amuser…
Ces relations à la terre sont intimement mêlé à ma découverte du monde et inscrites viscéralement dans les chemins où je vais.
Chaque terre à modeler se forme dans un lieu particulier, son terrain d’origine lui apporte sa composition fondamentale, sa couleur, sa texture, son odeur.
Dans ce coin du Dauphiné, elle est le plus souvent rouge, caillouteuse, elle gratte dans la main, elle s’effrite. Quand on fouille le sol où elle est enfouie et qu’on l’extrait, elle peut être très dure, tassée, compacte, revêche, désagréable. Sol pauvre…
Mais ensuite, quand on l’imbibe d’eau et la malaxe, pour l’apprivoiser, on peut jouer, construire, donner des formes, modeler et engager un dialogue que je n’ai jamais cessé de poursuivre.